Marie Emma Perrot

Publié le novembre 20, 2016 dans Personnages

Marie Emma Perrot

Vers 18h00 le 5 mars 1926 à Saint-Maur, au 10 du quai du Petit-Parc, le corps sans vie de Marie Emma PERROT est découvert par un jeune livreur qui alerte immédiatement la police. La malheureuse femme a été tuée de deux coups de pistolet 6,35 dans l’arrière salle du petit hôtel-restaurant quelle gérait et qui était aussi son domicile.
Jules et Georges WEINLAND, respectivement son mari et son fils, tous deux serruriers à Paris, avaient quitté Saint-Maur tôt le matin, pour rejoindre leur lieu de travail. L’enquête policière oriente rapidement ses recherches sur la piste d’un jeune homme qui a résidé à l’hôtel depuis la veille enregistré sous le nom de « Deschamps ». Le mobile du crime est manifestement le vol, puisque le coffre-fort et le tiroir-caisse de l’établissement ont été trouvés ouverts et vidés de leur contenu.

En 1927, après le décès de Marie Emma PERROT, l’hôtel-vins-restaurant du 10 quai du Petit-Parc est mis en vente chez M° Dauchez, notaire au 37 quai Tournelle. Son acquéreur est un dénommé KARACHE.

Entre le 6 et le 9 mars, cette affaire est rapportée dans divers articles de la presse quotidienne repris ci-dessous. Le crime de Saint-Maur est parfois relaté dans ces articles en parallèle avec un autre assassinat commis à Colombes le même jour. On constate plusieurs erreurs commises dans ces articles notamment sur les noms et prénoms des personnes citées.

Marie Emma PERROT (1868-1926) est l’épouse de Jules WEINLAND (1866-1957). Leur fils Georges Edmond (cité par la presse avec le prénom d’Albert) devait se marier le lendemain du crime. Il épousera finalement Marcelle MANAUD le 11 décembre 1926 à Saint-Maur.

Jules WEINLAND, mari de Marie Emma PERROT, était le frère de mon arrière-grand-père, Philippe WEINLAND.

Le crime de Saint-Maur rapporté par la presse

(Source: http://gallica.bnf.fr)

‘Le Figaro’ du 6 mars 1926 (extrait)

[…] Peu après, M. Pineau, commissaire de police de Saint-Maur-les Fossés, était informé qu’une marchande de vins de la localité avait été assassinée. Le magistrat se rendit à l’adresse indiquée, 10, quai du Petit-Parc, en bordure de la Marne. Mme Louise Weinland, 40 ans, qui tient à cette adresse un débit-hôtel, était étendue morte sur le parquet de l’établissement. De nombreuses taches de sang s’étalaient sur les murs et sur le plancher, ce qui permet de supposer que la victime lutta avant de succomber. Le vol paraît être, là encore, le mobile du crime.

‘Le Gaulois’ du 6 mars 1926
Deux commerçantes assassinées, l’une à Colombes, l’autre à Saint-Maur

Une autre débitante de vins, Mme Weinland, âgée de 57 ans, établie 10, quai du Petit-Parc, à Saint-Maur, a été trouvée assassinée hier soir, vers sept heures, dans son débit. Le commissaire de police de Saint-Maur, avisé aussitôt, s’est rendu quai du Petit-Parc, où peu après venait le rejoindre M. Barthélémy, commissaire à la police judiciaire. Une enquête a été ouverte. On ignore jusqu’à présent les mobiles de ce crime.

‘Le Matin’ du 6 mars 1926
Deux débitantes assassinées chez elles, l’une à Saint-Maur, l’autre à Colombes

Hier soir, vers 18 heures, un jeune garçon épicier devant effectuer une livraison dans un restaurant des bords de la Marne, 10, quai du Petit-Parc, à Saint-Maur, fut surpris de trouver des traces de sang qui partaient de la porte et se continuaient jusqu’à l’arrière salle. Pénétrant dans cette pièce, le jeune homme découvrit aussitôt le cadavre ensanglanté de la débitante, Mme Marie Weiland, et courut immédiatement prévenir le commissaire de Saint-Maur qui vint procéder aux premières constatations. La malheureuse femme, âgée d’une cinquantaine d’années, avait été tuée de deux balles de pistolet automatique dont les douilles furent retrouvées dans la première salle du restaurant et qui l’avaient atteinte, l’une à la tête, l’autre à la colonne vertébrale. Arrivé peu après la première enquête, M. Barthélémy, commissaire divisionnaire, a fait saisir deux verres ayant contenu, l’un de la liqueur, l’autre du vin, qui pourront peut-être, aider à trouver les assassins. Le fils de la victime, M. Albert Weiland, qui devait se marier aujourd’hui, nous a fait les déclarations suivantes :
– Ma pauvre maman a du être assassinée vers 13 heures, car on a découvert, toute prête à être allumée, la cuisinière qu’elle a coutume de mettre en service à 13h30. Le criminel, ou plutôt les criminels, devaient être connus d’elle, car la présence des deux verres semble prouver qu’ils se sont assis à la table à laquelle elle n’admettait, d’ordinaire, que ses parents ou ses amis.

‘Le Petit Journal’ du 6 mars 1926
A Saint-Maur – Est-ce le voyageur qui a tué à coups de revolver Mme Weinland

Presque à la même heure, un crime identique était découvert à Saint-Maur-les-Fossés, 10, quai du Petit-Parc. Là, sur les bords de la Marne, se trouvait un très coquet hôtel-restaurant, aménagé dans une maison haute de deux étages et tenu par M. et Mme Weinland. Le mari, entrepreneur de serrurerie à Paris, partait de chez lui le matin à 6 heures, tandis que sa femme, âgée de 57 ans, gérait l’établissement. Or, avant-hier, dans l’après-midi, un jeune homme de vingt-deux à vingt-trois ans, de taille moyenne, vêtu d’un complet de couleur foncée, se présentait à l’hôtel et demandait si on pouvait lui donner une chambre. – Je resterai ici quelques jours, dit-il, car j’ai affaire à Joinville. La chambre qu’il désirait lui fut donnée et le soir, ce personnage qui s’était inscrit sur le registre de police sous le nom de « Deschamps », dînait en compagnie de M. et de Mme Weinland. Après le repas, il monta se coucher et, hier matin, sans se méfier de rien, M. Weinland quitta Saint-Maur à 6 heures, laissant sa femme s’occuper de l’hôtel. Or, lorsque l’entrepreneur de serrurerie revint le soir, vers 7 heures, il fut brusquement abordé par un garçon épicier qui lui dit : – Vous êtes M. Weinland ? Venez donc jusque chez vous, car voilà un quart d’heure que j’appelle votre femme pour lui faire une livraison et elle ne répond pas. Fort surpris, le mari de l’hôtelière courut jusqu’à son établissement dont, contrairement à l’habitude, la porte était ouverte. M. Weinland appela à son tour sa femme et comme il ne recevait aucune réponse, angoissé, il se mit à la chercher. Il ne tarda pas à découvrir le cadavre de la malheureuse étendu à terre . Elle avait été tuée à coups de revolver et le corps, complètement froid, était déjà raidi. Le commissaire de police de Saint-Maur, prévenu, vint sur place pour commencer l’enquête, pour laquelle il fut bientôt secondé par MM. Barthélémy, Denois et Bethuel qui, aussitôt prévenus, étaient également venus à Saint-Maur. Le crime avait été commis après le départ du mari.
On constata alors que le crime avait certainement été commis à la première heure du matin, car la salle principale du café n’avait pas encore été balayée et les chaises se trouvaient toujours sur les tables. Mme Weinland avait seulement commencé à préparer son feu dans la cuisinière, sur laquelle on retrouva encore le paquet de bois qui devait servir à allumer le charbon. C’est évidemment à ce moment qu’elle fut surprise par l’assassin et tuée de deux balles tirées derrière la tête. Qu’a-t-il volé ? On ne put l’établir, car Mme Weinland ne rendait aucun compte à son mari qui ignorait toujours le montant de l’argent qui se trouvait chez lui. Un coffre-fort placé dans une chambre au deuxième étage de la maison a certainement été visité par l’assassin car la porte en a été trouvée ouverte. M. Peyre, juge d’instruction, a été chargé de suivre cette affaire dont l’enquête a été confiée au brigadier Ballera et à l’inspecteur Faure. L’inspecteur Campana est, de son côté, chargé du crime de Colombes.

‘Le Petit Parisien’ du 6 mars 1926
Deux débitantes assassinées chez elles, l’une à Saint-Maur, l’autre à Colombes

Un crime qui semble avoir le vol pour mobile a été commis à Saint-Mont, hier après-midi. Une quinquagénaire, Mme Marie Weinand, qui tient, 10, quai du Petit-Parc, un café, a été trouvée assassinée. Voici du reste comment fut découvert le drame. Vers 18 heures, M. Robion, garçon épicier venant de Joinville pour livrer du café à Mme Weinand, arrivait quai du Petit-Parc avec sa voiture. Entouré d’un jardin où, durant la belle saison les Parisiens affluent, à quelques mètres de la Marne, le débit est composé d’une maison de deux étages complètement isolée. Une salle de consommation se trouve au rez-de-chaussée. On y accède par une petite porte vitrée. Cette salle est séparée d’une seconde pièce par une cloison vitrée. Mme Weinand, alerte et robuste bien qu’âgée de cinquante-huit ans, gère seule son café, son mari et son fils dirigeant à Paris 12, rue de la Perche dans le troisième arrondissement, une entreprise de serrurerie. Le débit, durant la saison d’hiver n’ouvre ses portes qu’assez tard l’après-midi. M. Robion ne s’étonna donc pas d’en trouver la porte à demie-ouverte. Mais en pénétrant dans la première salle, il aperçut avec effroi des taches de sang à côté du comptoir, puis une traînée rouge allant jusqu’à la petite pièce du fond. Pressentant quelque chose d’anormal, il suivit la trace sanglante et recula bientôt épouvanté. Etendue sur le dos, sa cliente était morte. Du sang lui couvrait le visage, ses vêtements étaient également souillés. Et, dans la cave, la chienne hurlait lamentablement. Immédiatement prévenu, M. Sollier, commissaire de Charenton, faisant l’intérim de Saint-Maur, vint procéder aux premières constatations, bientôt rejoint par M. Barthélémy, commissaire divisionnaire à la police judiciaire, son secrétaire M. Bérart, l’inspecteur principal Bethuel, le brigadier Campana et l’inspecteur Faure de la brigade spéciale. Les magistrats, après avoir fait prévenir M. Weymond et son fils, cherchèrent d’abord à établir si le vol était le mobile du crime. Le coffre-fort, placé dans une chambre du deuxième étage, était ouvert : le tiroir-caisse également. M. Weinond ignore quelles sommes sa femme y conservait. Dans la première salle du rez-de-chaussée, on découvrit deux douilles de pistolet de 6m/m 35. Or la malheureuse débitante fut tuée de deux balles tirées à bout portant, l’une dans la tête, l’autre dans le dos ; la colonne vertébrale fut atteinte. L’assassinat aurait été commis à côté du comptoir, puis le cadavre caché dans la seconde salle. Il paraît certain que le meurtrier serait arrivé au débit vers 13 heures. En effet, le feu préparé pour le déjeuner – la quinquagénaire restant seule, son mari et son fils prenant leur repas à Paris – n’était pas encore allumé. Les chaises étaient empilées les unes sur les autres ; sur une table, un verre de liqueur vide et une boîte d’allumettes déchiquetée. Sur le comptoir, un autre verre ayant contenu du vin. Mme Weinand a dû être tuée par derrière alors quelle retournait à son comptoir, après avoir servi son client. Personne dans le voisinage n’a rien entendu ; quant à la chienne particulièrement méchante, la malheureuse débitante l’avait enfermée dans le sous-sol à son lever. Détail poignant, M. Weynand fils devait se marier aujourd’hui même.

‘Le Gaulois’ du 7 mars 1926
L’affaire de la débitante de Saint-Maur

M. Sollier, commissaire de police intérimaire, a poursuivi son enquête au sujet du crime qui s’est déroulé avant-hier, à Saint-Maur, dans un hôtel du quai du Petit-Parc. Le corps de la victime, Mme Weinland, propriétaire de l’hôtel, a été de nouveau examiné. La pauvre femme a été tuée d’une balle de revolver tirée dans le dos et qui a pénétré dans la poitrine. Elle porte, en outre, à la nuque, une profonde blessure : un coup de poignard, vraisemblablement, qui a brisé la boîte crânienne ; elle avait également une corde nouée autour du cou. L’agression s’est produite derrière la porte de la boutique ; le corps a été traîné dans la salle à manger. Le vol a été le mobile du crime, car l’hôtelière portait toujours sur elle une poche qui n’a pu être retrouvée. M. Peyre, juge d’instruction, a fait hier matin des constatations sur place, avec les inspecteurs de la police judiciaire et du service de l’identité. L’établissement, très fréquenté pendant la belle saison par les promeneurs attirés sur les bords de la Marne, reçoit peu de clients en hiver. L’assassin paraît être un individu de vingt à vingt-cinq ans qui avait loué une chambre jeudi soir. Il aurait profité le lendemain de l’absence de l’hôtelier, qui est entrepreneur de serrurerie à Paris, pour commettre son crime. Il s’était inscrit sous le nom de Deschamps. Ce client a disparu alors qu’il avait prétendu devoir passer quelques jours à Saint-Maur.

‘Le Matin’ du 7 mars 1926
L’assassinat de Saint-Maur

L’enquête menée par M. Sollier au sujet de l’assassinat de Mme Marie Welland s’est poursuivie hier. Le crime paraît avoir eu lieu vers 8 heures du matin, c’est-à-dire deux heures après le départ du mari et du fils de la victime. A ce moment, un témoin qui passait en automobile devant le débit entendit une détonation. Le corps trouvé dans la salle à manger paraît y avoir été traîné au cours d’une lutte. Le criminel aurait d’abord tenté d’étrangler sa victime avec une cordelette, l’aurait frappée à la tête à l’aide d’un objet tranchant, puis lui aurait tiré deux coups de revolver. L’assassin avait tenté de laver une flaque de sang sur le sol. De nouvelles taches ont été relevées ainsi que des éclaboussures sur le chambranle de la porte donnant sur la salle à manger. Dans cette pièce, un coffre-fort sur lequel était encore la clef, était ouvert. Une pochette renfermant de l’argent que Mme Welland portait habituellement sur elle n’a pas été retrouvée. Des empreintes digitales ont été relevées par le service anthropométrique. M. Peyre, juge d’instruction, a été désigné par le parquet pour instruire l’affaire.

‘Le Temps’ du 7 mars 1926
Assassinat à Saint-Maur

Pénétrant hier vers 18 heures, quai du Petit-Parc, 10, à Saint-Maur, dans le débit tenu par Mme Weinaud pour effectuer une livraison, M. Robion, garçon épicier, aperçut des taches de sang près du comptoir. Des traces sanglantes le conduisirent jusqu’à l’arrière-boutique où il trouva le cadavre de la débitante. M. Sollier, commissaire de police, prévenu, constata que Mme Weinaud avait été tuée de deux balles, l’une dans la tête, l’autre dans le dos. Le magistrat avisa M. Barthélémy, commissaire divisionnaire à la police judiciaire qui vint procéder à la première enquête accompagné de son secrétaire M. Denoix et de l’inspecteur principal Bethuel. L’assassin avait fracturé le tiroir-caisse et ouvert ensuite le coffre-fort de la débitante placé dans une pièce au deuxième étage. M. Barthélémy a saisi sur une table du débit un verre ayant contenu du vin. On croit que l’assassin, après s’être fait servir à boire, avait tiré sur la débitante alors qu’elle revenait à son comptoir. Deux douilles de 6mm ont été trouvées près de ce meuble. L’assassin avait ensuite traîné le cadavre dans l’arrière-salle. D’après les déclarations du mari et du fils de la victime, qui travaillent dans une entreprise de serrurerie à Paris, le crime a dû être commis vers 13 heures. Ils ont montré, en effet, aux magistrats que la cuisinière n’avait pas été allumée. Mme Wenaud avait l’habitude de procéder à cette opération vers 13h30. Une piste a déjà été indiquée au brigadier Ballerat chargé de l’enquête. Avant-hier soir, un jeune homme, dont M. Weinaud a fourni le signalement, était venu louer une chambre dans l’hôtel attenant au débit et exploité également par la victime. Il s’était inscrit sur le registre sous le nom de Deschamps. Ce client a disparu alors qu’il avait prétendu devoir passer quelques jours dans la localité.

‘Le Petit Journal’ du 7 mars 1926
Les crimes de St-Maur et Colombes – L’assassin de Mme Weinland a-t-il pris la fuite en automobile ?

L’émotion provoquée par le drame qui s’est déroulé vendredi dans un hôtel 10, quai du Petit-Parc à Saint-Maur-des-Fossés, n’est pas encore calmée. Le victime, Mme Weinland, était sympathiquement connue. On sait que M. Weinland travaille toute la journée avec son fils à Paris. C’est donc bien, comme nous l’avons dit hier, après le départ du patron de l’hôtel que le locataire a surveillé les allées et venues de Mme Weinland pour l’assassiner plus facilement. Des constatations faites hier matin par M. Peyre, juge d’instruction, en présence de M. Sollier, commissaire de police intérimaire, et de MM. Tapie et Vanau, secrétaires du commissariat de Saint-Maur, il résulte que, son crime accompli, l’assassin a traîné le cadavre de sa victime dans la salle à manger où il a été trouvé par le mari le soir à son retour. Le vol a été incontestablement le mobile du crime. Mme Weinland avait toujours une poche intérieure où elle cachait ses économies. Cette poche n’a pas été retrouvée. On ne connait pas le montant du vol. Le service anthropométrique a pris des clichés du lieu du crime. Les inspecteurs de la police judiciaire cherchent à identifier l’assassin. Il paraît qu’une automobile a circulé devant l’hôtel au moment où se déroulait le drame. Le cadavre de la victime a été transporté à la Morgue.

‘Le Petit Parisien’ du 7 mars 1926
Mme Weinland fut tuée par un client de passage.

L’assassinat de Mme Weinland, la débitante du quai du Petit-Parc à Saint-Maur, a causé une vive émotion dans cette localité. L ‘enquête poursuivie dès hier matin par M. Sollier, commissaire de police, a permis d’établir que le crime avait été commis vendredi, non pas vers 13 heures comme on le supposait tout d’abord, mais dès 8 heures du matin. M. Lenfant, garçon boucher au service de M. Chaumont, 8, rue de Paris à Saint-Maur, s’était, en effet, présenté vers 9 heures dans le débit, et n’y avait trouvé personne. Une heure plus tard, le facteur Collin, 36, boulevard de Créteil, ne vit pas davantage la débitante, lorsqu’il arriva au café de la Terrasse. Enfin, M. Adolphe Chéron, député de la Seine, qui passait en automobile avec son fils devant le débit de Mme Weinland, vers 8 heures, entendit à cet instant le bruit d’une détonation. Il n’y attacha, sur le moment, aucune importance. Mais lorsqu’il apprit l’assassinat de la débitante, un rapprochement se fit dans son esprit entre ce crime et le bruit qu’il avait perçu. L’information a révélé que Mme Weinland, après avoir été blessée d’un coup de revolver, avait été achevée avec une sauvagerie inouïe, frappée à la tête à l’aide d’un instrument tranchant et étranglée avec une cordelette. Enfin le commissaire a constaté que si le coffre-fort qui se trouve dans la chambre de Mme Weinland était ouvert, il n’avait pourtant pas été fouillé. Dans le tiroir-caisse même de la débitante on a trouvé une quarantaine de francs que l’assassin y avait laissés. Par contre, une petite sacoche où la débitante renfermait sa recette et qu’elle portait sous sa robe a été arrachée. Que contenait-elle ? On n’en sait rien.
– La précaution inutile
Il y a tout lieu de croire que le crime a été commis par un individu qui se serait présenté jeudi soir dans le débit et qui aurait demandé à louer une chambre pour quelques jours. Comme il était d’une tenue très correcte, Mme Weinland n’avait pas hésité à déférer à son désir et le client fut même invité à prendre le repas du soir en compagnie de la débitante et de son mari. Cet individu, qui paraissait âgé de vingt-cinq ans, avait déclaré se nommer Deschamps. Hier, les enquêteurs constatèrent que la feuille du registre où son nom avait été inscrit avait été arrachée. Sans doute le client avait-il cru supprimer ainsi l’indication de son passage. Le brigadier Ballerat et les inspecteurs Faure et Poulain de la brigade spéciale, recherchent Deschamps, ou celui qui s’est donné pour tel. Ils ont également noté le témoignage de M. Grésillon, entrepreneur, 1, rue Auguste-Gros, qui remarqua que, le jour du crime, dans l’après-midi, une auto de couleur grise, après avoir stationné devant le débit, démarra à toute vitesse. C’est M. Peyre, juge d’instruction, qui est chargé d’informer sur le crime.

‘Le Temps’ du 8 mars 1926
L’assassinat de Saint-Maur

A Saint-Maur, le commissaire de police, M. Sollier, a, de son côté, recueilli différents témoignages concernant l’assassinat de Mme Weilland, l’hôtellière du quai du Parc. Le crime aurait été commis à 8 heures du matin, après le départ du mari et du fils de la victime. Un témoin, passant par là vers 8 heures, déclare avoir entendu un coup de feu. D’autre part, M. Peyre, juge d’instruction, a relevé des empreintes digitales et découvert de nouvelles taches de sang. On ignore le montant du vol. Le coffre-fort n’a pas été forcé, la clef étant sur la porte. Le corps de la victime a été transporté à l’institut médico-légal. Mme Weilland a reçu une balle de revolver dans l’omoplate droite. La balle s’est logée dans le ventre. Une large blessure à la tête a sans doute été faite par un instrument tranchant. Le cou porte des traces de strangulation. On recherche un individu âgé de 25 ans, de tenue correcte, disant se nommer Deschamps et qui avait dîné la veille en compagnie de Mme Weilland et de son mari. La feuille du registre où le nom de Deschamps avait été inscrit a été arrachée. Par qui ? Sans doute le client de passage qui a cru supprimer de la sorte toute trace de sa présence. Il est recherché par les inspecteurs Faure et Poulain ainsi que par le brigadier Ballerat.

‘Le Gaulois’ du 9 mars 1926
Constatations médicales sur deux assassinats

Sur commission de M. Bacquart, juge d’instruction, le docteur Charles Paul, médecin légiste, a pratiqué l’autopsie de Mme Lenoble, débitante à Colombes, 31, rue François-Faber. Le médecin légiste a constaté que la mort était due à un véritable brisement du crâne à la suite de coups portés à l’aide d’un instrument contondant et tranchant comme une hachette. Il a relevé un double sillon sur le cou et sur la bouche produit par une corde. Sur mandat de M. Peyre, juge d’instruction, le docteur Paul a également pratiqué l’autopsie de Mme Weinland, débitante, quai du Petit-Parc, à Saint-Maur, trouvée assassinée le même jour et dans les mêmes circonstances. Le docteur Paul a constaté la strangulation de la victime à l’aide d’une corde. Mais de plus, il a retiré deux balles de browning 6mm35, l’une dans la tête, l’autre à la face postérieure du dos.

‘Le Petit Journal’ du 9 mars 1926
L’assassinat des deux débitantes de Saint-Maur et Colombes

Nous avons raconté comment deux débitantes avaient été assassinées dans la banlieue parisienne, l’une à Colombes, 31, rue François-Fabert, Mme veuve Lenoble ;l’autre, quai du Petit-Parc à Saint-Maur-des-Fossés, Mme Weinland. Le docteur Paul, médecin légiste, a procédé hier à l’autopsie des deux victimes. Il a constaté que Mme Lenoble avait eu le crâne fracassé par un instrument contondant et tranchant et avait été étranglée à l’aide d’une cordelette, ce que, du reste, les premières constatations avaient relevé, et que Mme Weinland avait succombé à deux blessures faites par deux balles d’un pistolet automatique du calibre 6,35 qui ont été retrouvées dans la tête et dans le dos. Les juges d’instruction, MM. Bacquart et Peyre, ont communiqué ces constatations à la police judiciaire, laquelle poursuit ses recherches, mais jusqu’à présent, les pistes suivies n’ont pas donné de résultats.

‘Le Petit Parisien’ du 9 mars 1926
Les deux débitantes assassinées

Le docteur Paul, médecin légiste, a pratiqué hier l’autopsie des cadavres de Mme Lenoble et de Mme Weinland, les deux débitantes assassinées, la première à Colombes, la seconde à Saint-Ouen. La tête de Mme Lenoble a été littéralement broyée. Son corps porte la trace de coups multiples assénés à l’aide d’un instrument contondant et tranchant. Autour du cou et au niveau de la bouche, on relève un double sillon fait avec une corde. Mme Weinland a été tuée par deux balles du calibre 6,35 l’ayant atteint à la tête et à la face postérieure du dos. Les balles ont été retrouvées. Elle aussi a été étranglée à l’aide d’une corde.

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