Georges Bégué
Né à Périgueux (Dordogne) le 22 novembre 1911, il fut pendant la Deuxième Guerre mondiale officier du Special Operations Executive (SOE). Il a été une pièce maîtresse dans les plans du SOE pour l’établissement d’un réseau d’agents en France après leur formation en Grande-Bretagne. Il est décédé à Falls Church (Virginie, Etats-Unis), le 18 décembre 1993. Il était marié et père de deux filles.
Georges Bégué fut le premier agent de la Section-F (section française) du SOE à être parachuté avec succès en France dans la nuit du 5 au 6 mai 1941. Il est arrivé sur le sol de France entre Valençay et Levroux (Indre). Avec sa formation de «pianiste» (nom donné aux opérateurs radio), il fut un lien essentiel pour le développement de plusieurs réseaux d’agents du SOE lors de la mise en place d’un important centre opérationnel d’activités de résistance.
Georges Bégué est aussi reconnu comme l’inventeur du système des messages personnels (aussi appelés messages codés) diffusés à l’international sur les ondes de la BBC.
À la déclaration de guerre, Georges Bégué, caporal de réserve, est mobilisé et envoyé à l’état-major du secteur défensif d’Altkirch (Haut-Rhin), comme opérateur radio de la section Génie-Transmissions. Du fait de sa connaissance de l’anglais (il a fait des études d’ingénieur à l’University College de Hull), il est affecté en mars 1940 comme officier de liaison de la 44e division britannique de la BEF (British Expeditionary Force).
Il rejoint l’Angleterre à la fin du mois de mai lors de l’évacuation de Dunkerque. A Londres, peu convaincu par l’environnement du général De Gaulle, il propose ses services au ministère de la Guerre britannique. Au mois d’août, son engagement est accepté et il part en formation à Catterick Camp. Au début de 1941, il est contacté par le SOE qui lui propose d’être envoyé en mission en France. Il accepte et suit une formation de radio et de parachutisme.
A l’issue de cette formation, la mission qui lui est confiée consiste à prendre contact avec Max Hymans à Valençay dans l’objectif d’établir les bases d’un premier réseau d’actions de résistance en liaison avec Londres. Il quitte l’Angleterre par avion le 5 mai avec un émetteur radio pour être parachuté dans l’Indre. Largué « à l’aveugle« , il atterrit au sud de Valençay au milieu de la nuit pour rejoindre la maison de Max Hymans. Ce dernier accepte de coopérer avec Londres, le conduit à Châteauroux et lui fournit les premiers contacts qui lui permettent d’établir ses premières communications radio avec Londres. Suite à ces premiers échanges, trois autres agents du SOE peuvent être envoyés d’Angleterre et permettre la création du réseau « Autogiro ». Le réseau se met en place dans les mois qui suivent grâce aux liaisons radio de Georges Bégué avec Londres et aux parachutages d’agents et de matériels qui sont organisés. Mais la fréquence des communications avec Londres (jusqu’à trois par jour) rend la position de Georges de plus en plus dangereuse et les risques de détection des émissions radio par les allemands limitent la durée des échanges. Georges propose alors que les services de la BBC soient utilisés pour envoyer des messages personnels codés qui serviront à fournir des informations sur les opérations prévues par le SOE. Ce système d’échanges est accepté et il est utilisé ensuite jusqu’à la Libération.
Au cours du mois d’octobre 1941, suite à un piège mis en place à la Villa des Bois à Marseille, une série d’arrestations se traduit par la capture d’une dizaine d’agents SOE . Le 24 octobre, Georges Bégué est arrêté par la police de Vichy et envoyé avec ses compagnons à la prison Beleyme à Périgueux où règnent des conditions déplorables. Grâce à une intervention de l’ambassade des Etats-Unis à Vichy, le groupe est transféré en mars 1942 au camp de Mauzac. A partir des plans préparés notamment à l’extérieur par Lucien Rachline et Gaby Bloch (épouse de Jean Pierre Bloch, ancien député), et à l’intérieur avec la complicité de plusieurs gardiens et la fabrication par Georges Bégué d’une copie de la clé de leur baraquement, le groupe de onze agents s’est évadé le 16 juillet 1942. Les évadés ont d’abord trouvé un abri provisoire à environ 40 kms de Mauzac, au milieu d’une forêt. Le 23 juillet, ils ont ensuite été acheminés par groupes de deux vers Lyon, pour se rendre ensuite en Espagne en franchissant les Pyrénées. Bien que le groupe de Georges Bégué ait été repéré et capturé dans le train à Figueras, puis interné au camp tristement célèbre de Franco à Miranda de Ebro, il a réussi finalement à rejoindre l’Angleterre.
De retour en Angleterre en octobre 1942, Georges Bégué a été nommé officier de transmissions de la Section-F du SOE dirigée par Maurice Buckmaster. Entre septembre et octobre 1944, il est commandant des transmissions de l’EMFFI (Etat-Major des Forces Françaises de l’Intérieur) à Londres. En décembre, il représente les services techniques de la DGER à Londres. En 1946, il est chef de cabinet du directeur de la Navigation aérienne (SGACC) à Paris. A partir d’octobre 1948 et jusqu’en 1949, il représente le SGACC à Washington. Il devient plus tard ingénieur en télécommunications pour Atlantic Research Corporation à Washington et adopte la nationalité américaine.
Georges Bégué a reçu au Royaume-Uni la Military Cross et le titre de membre de l’Ordre de l’Empire britannique (MBE). En France, il est chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945.
A propos de l’évasion du camp de Mauzac, Jean Kerchbron réalise pour la 1ère chaîne de l’ORTF (télévision française) en 1970 le téléfilm « Adieu Mauzac » d’après un récit d’Henri Noguères. La diffusion du téléfilm eut lieu le samedi 25 avril 1970. Cette diffusion était suivie d’un débat qu’on peut retrouver à la fin de la seconde partie du téléfilm. Le débat est mené par Henri Noguères avec la participation des survivants de l’époque dont cinq chefs de réseaux de la Résistance et deux personnes qui aidèrent à l’évasion.
Sources :